samedi 27 novembre 2010

Un seul événement cette semaine : EMMA...

Appelez-moi Tatimel !
 


















Rien d'autre à vous partager cette semaine que cet essentiel : Emma est née le 23 novembre 2010, ce qui signifie que je suis enfin tatiiiiie !!

Mes sources m'informent qu'Emma et Virginie, sa maman, vont super bien, et rentrent à la maison demain. Quant au papa, mon frère Aurélien, il a l'air d'avoir déménagé au Village dans les Nuages depuis l'arrivée de son petit bijou, dont il est déjà très très fier...

Même de loin, il est plus qu'évident que tout le monde est gaga dans les 2 familles. Et moi, par pure solidarité, je verse régulièrement quelques petites larmes en pensant à tout ça...

Et j'ai découvert avec bonheur qu'Emma est née avec plein de cheveux (comme sa tatie), ce qui lui promet un destin capillaire hors du commun. Elle est chanceuse la starlette, Tatimel sera là pour la coacher dans ce domaine !

samedi 20 novembre 2010

Crise de jalousie

Le livre que je n'écrirai pas




















Je ne savais pas que j’étai censée écrire un livre, jusqu’au moment où je suis tombée sur celui là, que vous devez bien connaître puisque le film est maintenant sorti en France : Eat, Pray, Love, d'Elizabeth Gilbert.

Je l’ai vu dans chaque aéroport depuis mon départ, j’ai toujours commencé à parcourir la quatrième de couverture en m’arrêtant en bout de quelques lignes. Le récit de voyage d’une fille de 34 ans qui quitte sa vie pour partir à la rencontre d’elle-même, je trouvais ça super posh et sans intérêt… Et puis moi, Messieurs Dames, j'en faisais autant, alors je n'avais rien à en apprendre...

Et la semaine dernière, sans savoir vraiment quelle mouche me piquait, j’ai parcouru toutes les librairies de Pokhara pour le trouver (comme le jour où j’ai fait tous les magasins de sport de Sydney et même de sa banlieue pour dégoter les sandales de marche de mes rêves). Et bien figurez-vous que ce livre est celui que j’étais censée écrire, ou que j’aurais voulu écrire !

Tout ça pour vous dire que je suis terriblement jalouse de cette fille ! De la manière dont elle a conçu son voyage, de ce qu'elle y vit (remarquez, je suis pas encore arrivée à la fin du bouquin, je vais peut-être être rassurée), de sa capacité à le mettre en mots avec un sympathique mélange d'esprit, humour et d'authenticité, et tout et tout !

Qu'est ce que je vais faire du coup à mon retour moi ?!
Any Idea welcome...

Coule la vie... Cool la vie !

Chaque chose en son temps...
 




Les temps changent…

Voici venu celui de la récolte du riz, qui est maintenant entièrement coupé. La nature a à présent une couleur et une allure différentes. Les champs se sont peuplés pour l’occasion d’hommes et de femmes groupés autour des tas de riz. Dans une apparente bonne humeur (la récolte est peut-être bonne cette année, il faut que je leur demande), ils battent les grains, les empaquètent, lient les bottes, transportent le tout sur leur dos vaillants mais fatigués.


Le temps change…

Impossible d’apercevoir une seule fois la chaine des Annapurnas, aussi majestueuse soit-elle, depuis mon retour à Thaprek la semaine dernière. Finies les couleurs rose et orangé qui réchauffaient les champs de millet, les maisons et les cœurs. L’horizon a disparu, la visibilité est limitée par le brouillard et les nuages. Quand on regarde autour de soi, tout dans l’air est blanc… Pour cette fois, je vous épargne la photo diaphane.

Et du soir au matin, le froid œuvre avec chaque jour plus de vigueur. Non pas que les températures soient négatives, mais quand on n’a pas de vitre à ses fenêtres et qu’on se lave dans la cour de l’école avec de l’eau fraiche, on y est comme qui dirait plus sensible… Cette semaine, j’ai sorti mon ultime botte secrète : mes sous-vêtements en laine. Pour lever toute ambiguïté, je précise que je n’ai pas (encore) de culotte ni de soutien-gorge en mérinos, mais qu’il s’agit de mes collants et sous-pull de montagne. La encore, vous êtes chanceux, je vous épargne la photo.


Et puis, il y a des choses qui ne changent pas ici…

Le clair de lune par exemple. Je crois que jamais de ma vie auparavant je n’avais été attentive à cela. Pourtant depuis mon arrivée ici je suis frappée par la couleur de la nuit. Même avec un ciel de plus en plus couvert, même avec un tout petit croissant de lune, la lumière nocturne est extraordinaire. A Thaprek, quand il fait nuit, il fait clair. Je ne m’en lasse pas…

Un autre indémodable, l'éternelle discussion, celle que je vois arriver avant même qu'on mot ne soit formulé. Chacun leur tour, les profs ont tenté leur chance, pour en avoir le coeur bien net :
   - Melanie Miss !
   - Ajur ? (yes ?)
   - How old are you ?
   - I’m 34. I know, that’s old for a volunteer…
   - …
   - …
   - Melanie Miss !
   - Ajur ?
   - Are you married ?
   - No, I am not married.
Là, voyant mon interlocuteur tomber dans un abîme de perplexité et de compassion, je m'empresse d'ajouter : " Not yet. Maybe later ", pour lui montrer que j’ai quand même l’intention de rentrer dans le droit chemin, malgré le fait que je sois déjà à moitié périmée, en tous cas du point de vue népalais... Bref, toujours le même exercice de style, pour lequel je suis à présent un peu mieux rôdée...


Et la vie qui suit son joli cours à Thaprek...

Cette semaine, on a fait classe dehors, pour cause de travaux dans l’école. Les alentours avaient un petit air de colonie de vacances, qui a donné des velléités d’oisiveté aussi bien aux élèves qu’aux enseignants. Tout le monde était « à la cool », à l’exception de la volontaire française dont vous avez peut-être entendu parler, qui s’est collée un peu la pression après avoir fait un cours à une nouvelle classe. Cours que nous qualifierons sans exagérer de désastreux. Heureusement, la mayonnaise commence à prendre avec les autres. Ca ne parle pas beaucoup plus anglais qu’avant, mais l’étape du mutisme a été dépassée, et la communication est rendue possible par un mélange de mots, d’onomatopées, de gestes et de rires...


Tranquilles les profs, à 1 heure
de la fin de semaine...
Ces derniers jours, j’ai aussi fait classe aux tous petits, qui m’ont littéralement fait fondre. Ils ne savent pas encore écrire ni lire, me parlent en népalais, me regardent avec leurs grands yeux curieux qui plongent jusque dans le fin fond de mon cœur. Ils me montrent fièrement leur cahier avec le gribouillage censé représenter le joli bonhomme que je leur ai fait dessiner pour leur apprendre les parties du corps. Ils sont tous contents (bien moins que moi surement) de faire des trucs nouveaux, même s’ils ne comprennent même pas que j’essaie de les faire chanter, ou bouger… Bref, c’est un peu n’importe quoi, mais tout le monde prend du plaisir !



 Et puis, j’ai commencé cette semaine à aller visiter des familles pour collecter des infos sur celles qui pourraient bénéficier d’aide dans le cadre d’un programme de parrainage. Je fais ça avec Muni Raj, le Directeur de l’école, qui sert d’interprète. Heureusement, parce qu’autant je suis capable de poser la plupart des questions dont j’ai besoin en népali, autant je suis vite larguée dans la compréhension des réponses…  Presque rien pour vivre, pas d'artifice dans l'accueil, la générosité sans prétention et la simplicité d'être des gens de peu. Je m'arrête là devant le constat que je ne sais pas vous parler de ces gens sans tomber dans les clichés que j'aimerais pourtant éviter... Je continue la semaine prochaine, j'aurai peut-être plus de mots pour vous partager ce que je rencontre et le lieu ému de moi dans lequel ça me met...
 

J'avais encore d'autres choses à vous partager aujourd'hui, mais je vais les garder pour une autre fois, voire même quand on trinquera à nos retrouvailles après mon retour... Eh oui, j'avoue que je commence à entrevoir l'échéance qui approche, ce qui d'un côté m'excite un peu. Mais d'un autre côté, je me vois essayer de nager à contre-courant pour remonter le cours du temps, et en gagner un peu... Huit mois à présent que je suis en voyage, alors que j'ai l'impression que c'était juste hier que je m'effrayais d'en être déjà à sept...
 
C'est cuieux ce sentiment. Le temps s'écoule avec une lenteur et une douceur inédites à Thaprek. Et pourtant, tout se passe comme si par ailleurs il s'accélèrait... Est-il possible de vivre dans 2 dimensions différentes ?
 
Ah, j'allais oublier : je pense fort à vous...

mardi 9 novembre 2010

Happy Tihar !

About putting Tika in 1 minute...
 















Danse traditionnelle dans la rue
A l'occasion de la fête de Tihar qui dure 5 jours, il se passe plein de choses dans les rues et dans les familles. Parmi tant d'autres, la ville se pare de lumières à la nuit tombée, les enfant et les jeunes chantent et dansent dans la rue pour récolter de l'argent, chacun illumine l'entrée de sa maison ou de son magasin de bougies, dessine sur le sol un cercle de terre pour accueillir les pas de la Déesse Laxmi, fabrique des colliers de fleurs, prépare une cuisine de fête, achète des cadeaux...
Et puis tout le monde a droit à son Tika. Le Tika, c'est la marque rouge que vous voyez sur le front de la majorité des gens ici. Les chiens et les vaches (et les portes) y ont droit aussi, avec le collier de fleurs qui va avec s'il vous plait !


C'est le dernier jour qui semble le plus important, celui ou les familles se rassemblent pour que les frères et soeurs puissent se parer mutuellement d'un Tikka qui est, pour l'occasion, composé de 7 couleurs. Après, c'est classique : on mange. Vite, et beaucoup...

Atelier collier de fleurs avec Achala
Vous vous en doutez, je simplifie... Je viens de passer quelques belles journées chez l'une des enseignantes, où j'ai été accueillie comme une enfant de la famille. Un condensé d'expériences et de sollicitations tellement denses que je ne sais même pas comment mettre en mots,  et pour lequel je n'ai pas non plus vraiment d'images (bien que j'ai retrouvé un petit appareil photos que je qualifierais de basique). Mais voici tout de même une petite vidéo qui vous donnera à sentir l'ambiance de ce moment d'échange de Tika dans la famille dans laquelle je viens de passer quelques jours... Film artisanal, mais bon, on est entre nous !


Après cela, tout le monde a bien mérité quelques jours de... vacances ! J'ai appris au dernier moment que l'école était fermée jusqu'à samedi, me voilà donc en goguette pour quelques jours... eh oui, encore !

En espérant que ça marche, retrouvez la vidéo ici.

Des gros becs à tous !!

jeudi 4 novembre 2010

Vie à Thaprek : Acte II - Première scène

Une histoire d'interculturalité















        - GOOOOD MORNIIIIING MIIIIIIIIIIIISS !
        - Good Morning everybody, sit down please.
        - THANK YOUUUUU MIIIIIIIIISS !
        - How are you today ?
        - I’M FIIINE THANK YOUUUUU !

Voilà l’un de mes moments préférés de la journée, celui en tous cas qui me fait le plus fondre. Plein de petites pairs d’yeux qui m’accueillent avec ce qui ressemble presque à une chanson, tellement c’est mélodieux, et exprimé avec l’enthousiasme et les décibels qui vont bien.

        - Do you remember my name ?
         - MELANIIIIIIIIIIIIIIIE !!

Wouaouh, il y aurait de quoi se prendre pour une star de la chanson qui entre sur scène !! Le public est au rendez-vous, l’énergie qui va avec également, de quoi vous donner la pêche pour toute la journée !! Toutefois, ce tableau là, c’est pour les petites classes uniquement. Tout se passe comme si la fraicheur et l’enthousiasme disparaissaient avec l’arrivée des boutons d’acné (je sais, je n’invente rien), et là, c’est un brin plus corsé…

        - What is this text talking about ?
        - …
        - Ok, look at the picture, what do you see on the picture ?
        - …
        - How many people are there on this picture ?
        - …
        - Do you understand what I am saying ?
        - …
          [Petit pas de danse savamment effectué pour tenter d’attirer l’attention]
        - …

A ce moment là, en général, je sens que je commence à transpirer, et je suis partagée entre poursuivre dignement ce que je suis en train de dire, et… ben là justement, je ne sais pas quoi faire d’autre…

Tout ça pour dire que ma deuxième semaine à Thaprek est marquée par d’avantage de contraste que la première ; c’est un peu moins confortable, même si toujours aussi intense. Au-delà du fait qu’on commence à se cailler les miquettes sévère et qu’il y a un prof qui vient utiliser MES toilettes la nuit et qui me fout les chocottes, il y a, vous l’avez compris, des élèves atteints d’un étrange mutisme, des profs que je n’ai pas toujours trouvés coopérants (ce que je peux d’ailleurs comprendre…), et une organisation qui tarde à se mettre en place… Moins de fluidité donc, mais rien de bien méchant. Ca, c’est pour vous faire pleurer un peu et que vous ayez (au moins une fois) un peu de compassion pour la difficile aventure que je vis !
Finalement, je me disais cette semaine que cette histoire de volontariat n’est qu’une excuse bidon, une folle mascarade, une imposture... Sous prétexte de donner un peu de mon temps dans une école, je me retrouve à faire une expérience interculturelle magnifique. Je ne suis pas sûre que j’apporte à cette communauté plus qu’elle ne m’apporte, je suis même certaine du contraire. Je vis au contact de chacun des choses qu’il ne m’aurait jamais été donné de rencontrer par ailleurs… C'est peut-être ma manière de voyager qui a jusqu'à présent été trop superficielle, mais j'ai aujourd'hui le sentiment d'avoir accès à un éventail de possibilités de partage plus étendu et approfondi... Par exemple, à quelle autre occasion aurais-je pu aller manifester avec le syndicat des enseignants pour la paix et la sécurité des profs suite au meurtre de 2 d’entre eux ?

Ce week-end, c'est la fête deTihar, au cours de laquelle on célèbre la Déesse Laxmi, Déesse de la richesse. Je vais donc passer les prochains jours dans les familles respectives de 2 des enseignants, je suis ravie !


La suite de l'histoire au prochain épisode !


PS. : Pas de photo jusqu'à nouvel ordre, non appareil photos s'est mystérieusement volatilisé lors de ma dernière visite à Pokhara...