jeudi 4 novembre 2010

Vie à Thaprek : Acte II - Première scène

Une histoire d'interculturalité















        - GOOOOD MORNIIIIING MIIIIIIIIIIIISS !
        - Good Morning everybody, sit down please.
        - THANK YOUUUUU MIIIIIIIIISS !
        - How are you today ?
        - I’M FIIINE THANK YOUUUUU !

Voilà l’un de mes moments préférés de la journée, celui en tous cas qui me fait le plus fondre. Plein de petites pairs d’yeux qui m’accueillent avec ce qui ressemble presque à une chanson, tellement c’est mélodieux, et exprimé avec l’enthousiasme et les décibels qui vont bien.

        - Do you remember my name ?
         - MELANIIIIIIIIIIIIIIIE !!

Wouaouh, il y aurait de quoi se prendre pour une star de la chanson qui entre sur scène !! Le public est au rendez-vous, l’énergie qui va avec également, de quoi vous donner la pêche pour toute la journée !! Toutefois, ce tableau là, c’est pour les petites classes uniquement. Tout se passe comme si la fraicheur et l’enthousiasme disparaissaient avec l’arrivée des boutons d’acné (je sais, je n’invente rien), et là, c’est un brin plus corsé…

        - What is this text talking about ?
        - …
        - Ok, look at the picture, what do you see on the picture ?
        - …
        - How many people are there on this picture ?
        - …
        - Do you understand what I am saying ?
        - …
          [Petit pas de danse savamment effectué pour tenter d’attirer l’attention]
        - …

A ce moment là, en général, je sens que je commence à transpirer, et je suis partagée entre poursuivre dignement ce que je suis en train de dire, et… ben là justement, je ne sais pas quoi faire d’autre…

Tout ça pour dire que ma deuxième semaine à Thaprek est marquée par d’avantage de contraste que la première ; c’est un peu moins confortable, même si toujours aussi intense. Au-delà du fait qu’on commence à se cailler les miquettes sévère et qu’il y a un prof qui vient utiliser MES toilettes la nuit et qui me fout les chocottes, il y a, vous l’avez compris, des élèves atteints d’un étrange mutisme, des profs que je n’ai pas toujours trouvés coopérants (ce que je peux d’ailleurs comprendre…), et une organisation qui tarde à se mettre en place… Moins de fluidité donc, mais rien de bien méchant. Ca, c’est pour vous faire pleurer un peu et que vous ayez (au moins une fois) un peu de compassion pour la difficile aventure que je vis !
Finalement, je me disais cette semaine que cette histoire de volontariat n’est qu’une excuse bidon, une folle mascarade, une imposture... Sous prétexte de donner un peu de mon temps dans une école, je me retrouve à faire une expérience interculturelle magnifique. Je ne suis pas sûre que j’apporte à cette communauté plus qu’elle ne m’apporte, je suis même certaine du contraire. Je vis au contact de chacun des choses qu’il ne m’aurait jamais été donné de rencontrer par ailleurs… C'est peut-être ma manière de voyager qui a jusqu'à présent été trop superficielle, mais j'ai aujourd'hui le sentiment d'avoir accès à un éventail de possibilités de partage plus étendu et approfondi... Par exemple, à quelle autre occasion aurais-je pu aller manifester avec le syndicat des enseignants pour la paix et la sécurité des profs suite au meurtre de 2 d’entre eux ?

Ce week-end, c'est la fête deTihar, au cours de laquelle on célèbre la Déesse Laxmi, Déesse de la richesse. Je vais donc passer les prochains jours dans les familles respectives de 2 des enseignants, je suis ravie !


La suite de l'histoire au prochain épisode !


PS. : Pas de photo jusqu'à nouvel ordre, non appareil photos s'est mystérieusement volatilisé lors de ma dernière visite à Pokhara...

4 commentaires:

  1. tu restes là haut dans la montagne tout l'hiver histoire de voir ce que donne la "salle de bain toilette" quand il fait vraiment froid ? :)
    Dommage pour l'appareil car tes photos c'est vraiment symas.
    Cedric

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  2. Continues à nous raconter, j'adore!!!

    Stephane

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  3. Mélaniiiiiiiiiiiiiie! Je compatiiiiiiiiiiiiiiis!

    Courage!

    C'est génial ce que tu es en train de vivre. J'ai adoré ta façon de raconter.
    J'espère que tu trouveras le moyen de récupérer un appareil photo :-(

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  4. Profittttttttttteeeeeee c'est trop bien.
    Bises
    Bertrand

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