samedi 20 novembre 2010

Coule la vie... Cool la vie !

Chaque chose en son temps...
 




Les temps changent…

Voici venu celui de la récolte du riz, qui est maintenant entièrement coupé. La nature a à présent une couleur et une allure différentes. Les champs se sont peuplés pour l’occasion d’hommes et de femmes groupés autour des tas de riz. Dans une apparente bonne humeur (la récolte est peut-être bonne cette année, il faut que je leur demande), ils battent les grains, les empaquètent, lient les bottes, transportent le tout sur leur dos vaillants mais fatigués.


Le temps change…

Impossible d’apercevoir une seule fois la chaine des Annapurnas, aussi majestueuse soit-elle, depuis mon retour à Thaprek la semaine dernière. Finies les couleurs rose et orangé qui réchauffaient les champs de millet, les maisons et les cœurs. L’horizon a disparu, la visibilité est limitée par le brouillard et les nuages. Quand on regarde autour de soi, tout dans l’air est blanc… Pour cette fois, je vous épargne la photo diaphane.

Et du soir au matin, le froid œuvre avec chaque jour plus de vigueur. Non pas que les températures soient négatives, mais quand on n’a pas de vitre à ses fenêtres et qu’on se lave dans la cour de l’école avec de l’eau fraiche, on y est comme qui dirait plus sensible… Cette semaine, j’ai sorti mon ultime botte secrète : mes sous-vêtements en laine. Pour lever toute ambiguïté, je précise que je n’ai pas (encore) de culotte ni de soutien-gorge en mérinos, mais qu’il s’agit de mes collants et sous-pull de montagne. La encore, vous êtes chanceux, je vous épargne la photo.


Et puis, il y a des choses qui ne changent pas ici…

Le clair de lune par exemple. Je crois que jamais de ma vie auparavant je n’avais été attentive à cela. Pourtant depuis mon arrivée ici je suis frappée par la couleur de la nuit. Même avec un ciel de plus en plus couvert, même avec un tout petit croissant de lune, la lumière nocturne est extraordinaire. A Thaprek, quand il fait nuit, il fait clair. Je ne m’en lasse pas…

Un autre indémodable, l'éternelle discussion, celle que je vois arriver avant même qu'on mot ne soit formulé. Chacun leur tour, les profs ont tenté leur chance, pour en avoir le coeur bien net :
   - Melanie Miss !
   - Ajur ? (yes ?)
   - How old are you ?
   - I’m 34. I know, that’s old for a volunteer…
   - …
   - …
   - Melanie Miss !
   - Ajur ?
   - Are you married ?
   - No, I am not married.
Là, voyant mon interlocuteur tomber dans un abîme de perplexité et de compassion, je m'empresse d'ajouter : " Not yet. Maybe later ", pour lui montrer que j’ai quand même l’intention de rentrer dans le droit chemin, malgré le fait que je sois déjà à moitié périmée, en tous cas du point de vue népalais... Bref, toujours le même exercice de style, pour lequel je suis à présent un peu mieux rôdée...


Et la vie qui suit son joli cours à Thaprek...

Cette semaine, on a fait classe dehors, pour cause de travaux dans l’école. Les alentours avaient un petit air de colonie de vacances, qui a donné des velléités d’oisiveté aussi bien aux élèves qu’aux enseignants. Tout le monde était « à la cool », à l’exception de la volontaire française dont vous avez peut-être entendu parler, qui s’est collée un peu la pression après avoir fait un cours à une nouvelle classe. Cours que nous qualifierons sans exagérer de désastreux. Heureusement, la mayonnaise commence à prendre avec les autres. Ca ne parle pas beaucoup plus anglais qu’avant, mais l’étape du mutisme a été dépassée, et la communication est rendue possible par un mélange de mots, d’onomatopées, de gestes et de rires...


Tranquilles les profs, à 1 heure
de la fin de semaine...
Ces derniers jours, j’ai aussi fait classe aux tous petits, qui m’ont littéralement fait fondre. Ils ne savent pas encore écrire ni lire, me parlent en népalais, me regardent avec leurs grands yeux curieux qui plongent jusque dans le fin fond de mon cœur. Ils me montrent fièrement leur cahier avec le gribouillage censé représenter le joli bonhomme que je leur ai fait dessiner pour leur apprendre les parties du corps. Ils sont tous contents (bien moins que moi surement) de faire des trucs nouveaux, même s’ils ne comprennent même pas que j’essaie de les faire chanter, ou bouger… Bref, c’est un peu n’importe quoi, mais tout le monde prend du plaisir !



 Et puis, j’ai commencé cette semaine à aller visiter des familles pour collecter des infos sur celles qui pourraient bénéficier d’aide dans le cadre d’un programme de parrainage. Je fais ça avec Muni Raj, le Directeur de l’école, qui sert d’interprète. Heureusement, parce qu’autant je suis capable de poser la plupart des questions dont j’ai besoin en népali, autant je suis vite larguée dans la compréhension des réponses…  Presque rien pour vivre, pas d'artifice dans l'accueil, la générosité sans prétention et la simplicité d'être des gens de peu. Je m'arrête là devant le constat que je ne sais pas vous parler de ces gens sans tomber dans les clichés que j'aimerais pourtant éviter... Je continue la semaine prochaine, j'aurai peut-être plus de mots pour vous partager ce que je rencontre et le lieu ému de moi dans lequel ça me met...
 

J'avais encore d'autres choses à vous partager aujourd'hui, mais je vais les garder pour une autre fois, voire même quand on trinquera à nos retrouvailles après mon retour... Eh oui, j'avoue que je commence à entrevoir l'échéance qui approche, ce qui d'un côté m'excite un peu. Mais d'un autre côté, je me vois essayer de nager à contre-courant pour remonter le cours du temps, et en gagner un peu... Huit mois à présent que je suis en voyage, alors que j'ai l'impression que c'était juste hier que je m'effrayais d'en être déjà à sept...
 
C'est cuieux ce sentiment. Le temps s'écoule avec une lenteur et une douceur inédites à Thaprek. Et pourtant, tout se passe comme si par ailleurs il s'accélèrait... Est-il possible de vivre dans 2 dimensions différentes ?
 
Ah, j'allais oublier : je pense fort à vous...

3 commentaires:

  1. Moi aussi je pense à toi...
    Que c'est beau tout ce que tu nous écris!
    Tu parles déjà d'échéance, c'est quand?
    Aujourd'hui, pour nous (Laure, Barbara et moi):
    Salon du livre de jeunesse d'Aubagne
    si ce n'est pas alerte orange pour orages...
    mais il ne faut pas que je te plonge trop tôt
    dans la France.
    Gros bisous

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  2. Nous pensons tous à toi...
    Profites de du temps qu'il te reste et n'anticipes pas le retour.
    Bises

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  3. Le Népal ca te fait beaucoup plus ecrire que les autres destinations ! expérience plus forte, plus depaysante, vie moins touristique, plus de temps pour écrire ?
    Continue bien à donner/recevoir/t'inserer/...
    Cedric

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